Mobil-Home et cordes à linge, uniformes et vêtements tâchés, sourire prudent et désespoir : la toile de fond de Mickey and the Bear se tend et l’attention du spectateur avec elle. Si Debra Granik faisait le choix du gris avec Winter’s Bones, Annabelle Attanasio ne renie ici ni les couleurs ni la musique, oscillante de pop et de déchirement. Pourtant, c’est bien la même Amérique d’addictions et de vétérans laissés pour compte, la même société ayant confié à ses enfants le dangereux soin de s’occuper de ses aînés déchus. Le capitaine, ici jeune fille talentueuse et infatigable de 18 ans, refuse de quitter le navire. Consciente du danger et du sacrifice auxquels ce choix la condamne, elle marche défiant le monde qui l’abandonne sans aucun dépit pourtant. Tragédie moderne d’un Etat qui force à abandonner ses aimés pour survivre, Mickey and the Bear dépeint avec clairvoyance une existence moderne où c’est bien la légèreté de l’être qui fait cruellement défaut.
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