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La Souffleuse

« comme le sens a besoin des mots, ainsi les mots ont besoin de notre voix »

Mickey and the Bear – Tendresse déchue

© ACID, Affiche du film Mickey and the Bear

Mobil-Home et cordes à linge, uniformes et vêtements tâchés, sourire prudent et désespoir : la toile de fond de Mickey and the Bear se tend et l’attention du spectateur avec elle. Si Debra Granik faisait le choix du gris avec Winter’s Bones, Annabelle Attanasio ne renie ici ni les couleurs ni la musique, oscillante de pop et de déchirement. Pourtant, c’est bien la même Amérique d’addictions et de vétérans laissés pour compte, la même société ayant confié à ses enfants le dangereux soin de s’occuper de ses aînés déchus. Le capitaine, ici jeune fille talentueuse et infatigable de 18 ans, refuse de quitter le navire. Consciente du danger et du sacrifice auxquels ce choix la condamne, elle marche défiant le monde qui l’abandonne sans aucun dépit pourtant. Tragédie moderne d’un Etat qui force à abandonner ses aimés pour survivre, Mickey and the Bear dépeint avec clairvoyance une existence moderne où c’est bien la légèreté de l’être qui fait cruellement défaut.

Pour en savoir plus : https://www.lacid.org/fr/films-et-cineastes/films/mickey-and-the-bear

Mignonnes – Adolescence sans roman

© Bac Films, Affiche du film Mignonnes

Une famille, mais dont le cœur est brisé par un époux qui prend une seconde femme. Une culture, mais qui ne semble pas pouvoir être transmise, seulement inculquée. Des amitiés, mais pour lesquelles l’intimidation et la compétition sont le ciment. Comment la fascination de la liberté peut-elle s’ériger en un principe de destruction ? Mignonnes répond violemment à cette question affleurée, immersion inéluctable dans le malaise. Toute valeur est salie et la danse, symbole vivant d’émancipation, devient voyeurisme. Le corps de ces jeunes femmes, que l’on aimerait croire encore enfants, se donne en un mouvement conscient et sexualisé, déhanchement assumé au rythme d’une frustration grandissante. Si la provocation est constante, elle est une réponse vivante aux humiliations : l’absence d’intimité, les clichés qui escortent toute femme grandissante et les interdits qui l’entourent. Le mouvement s’emballe pourtant, créateur d’une violence assumée. Film ambitieux dont l’excès d’explicite trahit parfois le propos, Mignonnes force le regard et l’interrogation, se refusant aux compromis, à l’image de sa dangereuse héroïne.

Pour en savoir plus : http://www.bacfilms.com/distribution/fr/films/mignonnes

Atlantique – Lumière d’eau

© Ad Vitam Distribution, Affiche du film Atlantique

S’il est un concept qui ne peut s’omettre dans la tentative de saisir l’insaisissable Atlantique, c’est celui d’inquiétante étrangeté. Sous ses airs de réalisme, caméra à l’épaule, sable partout infiltré, et de dénonciation sociale quelque peu policée, l’œuvre immerge son spectateur en eaux troubles. Dans l’aridité d’un Sénégal pourtant en proie aux embruns, le portrait de l’amour interdit et de la disparition est saisissant. Non pas grâce aux personnages, maintenus volontairement à distance, mais grâce à la beauté de la photographie. L’image capte les lumières violentes de l’océan et la douceur du vent bruissant la transparence des rideaux. Tour à tour caressante et provoquante, la caméra nous chavire. Mati Diop dépeint une jeunesse à laquelle est refusée l’espoir et dont les âmes agitées peuplent Dakar et ses friches de richesse et de pauvreté. Troublant et nouveau, si Atlantique perd parfois au jeu de la distance, il intrigue suffisamment son spectateur pour que celui-ci n’attende qu’une chose : le prochain film.

Pour en savoir plus : https://www.advitamdistribution.com/films/atlantique/

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