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La Souffleuse

« comme le sens a besoin des mots, ainsi les mots ont besoin de notre voix »

Le court métrage : films et générations

Cette deuxième séance de projection des courts-métrages français en compétition met à l’honneur le lien complexe entre différentes générations et dépeint une jeunesse soucieuse qui hésite entre rejet des aînés et de leur influence sur leur vie et acceptation d’une aide qui se révèle vitale. Lutter contre l’ennui, lutter contre l’absence de perspectives par le jeu ou par la drogue, telles sont les motivations qui poussent les héroïnes de La Ducasse et de La Route du sel à sortir, à se confronter à un monde qui ne ménage pas de place pour elles. Si l’impression d’être limité et de voir les contours de sa vie prendre une forme précise à laquelle les protagonistes ne s’identifient pas est persistante, la nonchalance, et avec elle l’espoir tu en un lendemain difficile mais dont le présent en vaut bien un autre, confère à cette jeunesse française le sentiment que malgré la peine, ça ira.

Cette impression du « ça ira », savant mélange entré défaitisme et stoïcisme, est aussi transmis par les aînés qui dans leur muette présence accompagnent ces jeunes en quête de l’instant présent. Bouées de sauvetage inespérées tout autant que portraits d’une vieillesse difficile, les vieux mis en scène dans La Route du Sel et Ông Ngoai (Grand-Père) sont fabuleux. Ils brillent par l’attachement aux objets et l’attrait du dénuement qu’ils défendent, l’amour qui ne se dit que dans l’âpre et sévère attention dont ils témoignent et leur à la fois frêle et forte présence parvient à captiver l’écran tout à fait. Ông Ngoai a d’ailleurs obtenu le prix du jury exæquo avec Liberty – dont vous pouvez lire la critique en ligne.

Unique film d’animation de ce festival – du moins de ce que j’ai pu en voir – Je sors acheter des cigarettes traite également de cette notion de génération, les aînés s’illustrant ici par leur absence. Curieux film qui a été honoré du prix du jury étudiant, les dessins se refusent à un esthétisme policé et la laideur d’un quotidien passé dans l’absence d’un père dont l’existence est niée irrite l’œil.

Ces esquisses artistiques qui questionnent un monde séparant les générations toujours davantage illuminent le festival d’un regard sans concession sur la jeunesse, regard qui jamais ne la condamne au désespoir et lui suggère que tout reste à réinventer.

Pour en savoir plus : http://www.champselyseesfilmfestival.com/2019/courts-metrages-independants-francais/

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