Par la chaleur parisienne de ce mois de juin, il semble juste de considérer que l’organisation, ou plutôt le manque d’organisation de cette cérémonie de clôture a été particulièrement remarqué cette année. Entre attente en plein soleil, début de la cérémonie avec 1 heure de retard, couacs techniques et approximations générales, l’impatience s’est faite sentir chez de nombreux invités. Néanmoins, le plaisir de voir des jeunes hommes et femmes de cinéma récompensés pour leur travail demeure toujours intact, et le prix du jury dans la catégorie long-métrage français fut notamment attribué à Vif-Argent – dont vous pouvez trouver ma critique en ligne.
Loin des marches de Cannes donc, le cinéma français et américain indépendant a brillé pendant une semaine sur les Champs-Elysées et a redonné de l’intérêt à cette avenue qui paraissait désertée par les évènements culturels de qualité. Il s’est achevé par la projection en avant-première des Faussaires de Manhattan avec notamment Melissa Mccarthy et Richard. E. Grant. Le film met en scène deux misanthropes que la vie n’a pas aidés et qui s’improvisent faussaires de documents littéraires rares au détour d’une coïncidence. Le monde sans pitié de l’édition, où les espoirs semblent plus nombreux à être déçus qu’à être réalisés, et le monde des prétendus « goûteurs » de la littérature sont dépeints sans aucun fard : le mythe du génie littéraire à qui tout sourit est balayé sans ambages.
Inutile de préciser que le charme de ce film repose principalement sur ses acteurs, salauds touchants et paumés dans la grande ville de New York mais dont la dignité demeure une question de vie ou de mort. Solitaires par choix mais victimes de ce choix, ces piliers de comptoir rafraichissent de leur humour violent mais malin une société dont le puritanisme est nauséabond. Le charme de R. Grant opère immédiatement, dès les premières notes de cet accent british parfait, accompagnées d’un sourire ravageur et du pétillement de son regard bleu. M. Mccarthy révèle à l’écran ce que certains avaient peut-être déjà perçus dans la Sookie de Gilmore Girls : une vraie générosité et un rire à emporter toute une salle de cinéma avec lui. Cette fois-ci, elle ajoute mille nuances d’émotion à un personnage va-t’en guerre quoiqu’enfermé dans son quotidien de galères. Filmée au plus près par la caméra inquisitrice mais bienveillante de la réalisatrice, M. Mccarthy incarne une Lee Israël qui allie timidité et brusquerie, tendresse et imperméabilité. Ce film solaire parvient donc à faire pleurer et rire, sans que la linéarité du récit ne parvienne tout à fait à surprendre et à le faire décoller de la biographie bien menée. Film de clôture de ce festival qui l’achève par une note un peu plus consensuelle que le reste de sa programmation – il a notamment été en lice pour plusieurs oscars – il est un clin d’œil qui semble dire au festival indépendant tout entier : tout est encore possible.
Pour en savoir plus : http://www.champselyseesfilmfestival.com/2019/soiree-de-cloture-2/