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La Souffleuse

« comme le sens a besoin des mots, ainsi les mots ont besoin de notre voix »

Place de Héros

© D. Matvejevas, photo de presse du théâtre Les Gémeaux : Scène Nationale-Sceaux

La pièce de Thomas Bernhard, commande nationale à la gloire de l’Autriche et qui fit scandale à l’époque de son écriture, offre trois tableaux où silence et flot de paroles déséquilibrent le spectateur. Elle relate l’histoire d’un professeur juif qui se défenestre avant de déménager à Oxford pour échapper entre autre aux visions de sa femme. Celle-ci, rongée par la culpabilité d’avoir vu son pays accueillir Hitler en fils prodige au moment de l’Anschluss, ne supporte pas de vivre sur la place même qui vit ce triomphe : la place des héros. L’auteur voulait ainsi dénoncer le déni de responsabilité de l’Autriche qui venait tout juste d’élire un premier ministre dont le passé nazi s’exposait à tous. La question se pose alors : pourquoi faire le choix de représenter cette pièce aujourd’hui et en France ? (suite…)

Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent

© Les Gémeaux : Scène Nationale-Sceaux, photo de presse

« Etre ou ne pas être », telle n’est plus la question. Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent, pièce donnée au Théâtre des Gémeaux, propose une réponse existentialiste à ce dilemme de l’introspection. Il n’est plus ici question d’être, mais bien d’exister. Hamlet fait le choix de la vie, le choix de l’amour et de l’avenir. Cette relecture séduisante d’un personnage qui sort de lui-même pour dépasser sa paralysie traumatique, pour s’ouvrir à une hérédité qui commence avec lui et qui ne s’embarrasse plus d’un passé empoisonné, n’est malheureusement pas exploitée jusqu’au bout. L’amour solaire des deux jeunes amants, en passe de devenir parents, est abîmé par l’omniprésence de l’inceste et par une destinée toute Œdipienne. Qui croit pouvoir échapper à son destin, au déterminisme de sa condition ou de sa famille, se trompe. En cela, la relecture de Benjamin Porée se révèle sans doute être moins novatrice qu’espérée. (suite…)

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