Menu

La Souffleuse

« comme le sens a besoin des mots, ainsi les mots ont besoin de notre voix »

Fanny et Alexandre

© Christophe Raynaud de Lage, photo de presse de la Comédie-Française

L’adaptation au théâtre de l’œuvre d’Ingmar Bergman, réalisée par Julie Deliquet, transmet une émotion toute particulière aux amoureux de l’art dramatique. Représenter ce qu’est la grande famille du théâtre en en découvrant les joies et les blessures, et ce au sein de la maison de Molière, possède une signification très forte. Ce symbolisme aurait pu aisément étouffer la pièce et la réduire au brillant hommage d’un art. Or, Julie Deliquet échappe à cet écueil, tout d’abord par la dureté des réalités dépeintes, mais aussi grâce à l’ingéniosité dont sa mise en scène fait preuve. Divisée en deux volets antagonistes dont l’opposition aurait pu rompre la cohérence de la pièce, un lien demeure, indéfectible : l’imagination et la capacité à croire. (suite…)

Partage de Midi

© Jean-Louis Fernandez, photo de presse du Théâtre de la Ville

Faire d’une scène publique l’intime cocon d’une passion brûlante est l’un des paradoxes les plus riches que le théâtre puisse offrir à son spectateur en terme d’émotion, et ce d’autant plus lorsque ce drame de l’amour est écrit par Paul Claudel. L’intensité de la représentation se ressent donc dès les premiers « versets » soufflés, expulsés d’une poitrine qui souffre de l’effort que ce texte de titan représente pour elle. La très grande stylisation du spectacle souligne la matérialité des corps en sueur et exténuant d’amour, dans une partition à quatre voix et qui se fait souvent duo ou duel. (suite…)

Retour à Reims

© Mathilda Olmi, photo de presse du Théâtre de la Ville

Passer la porte d’un théâtre, puis entrer dans un studio de radio, pour finalement s’immerger dans les images d’un documentaire afin de mettre en scène un essai sociologique et philosophique, tels sont les rites de passage imposés par Thomas Ostermeier dans Retour à Reims. Ce vaste champ des possibles est exploité avec doigté et permet au spectateur de comprendre pourquoi il est si délicat d’adapter à la scène un écrit autobiographique. En effet, le texte qui nous est lu par Irène Jacob est extrait de l’essai du même titre de Didier Eribon. Dans cet ouvrage, l’auteur retrace son exil voulu de la banlieue de Reims à Paris et de la classe ouvrière à laquelle appartient sa famille à l’intelligentsia mondaine. Au fil des lignes, il devient de plus en plus évident que son rejet du milieu familial fut un rejet de classe, aussi bien qu’une protection salutaire contre l’homophobie. Il décrit ainsi en quoi il lui fut plus facile en tant qu’intellectuel de mener l’analyse de ce qu’il nomme la « honte sexuelle » que de reconnaître la honte sociale qui le rongeait. (suite…)

Abonnez-vous à mon blog par email:

Loading