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La Souffleuse

« comme le sens a besoin des mots, ainsi les mots ont besoin de notre voix »

Vania

© Simon Gosselin, photo de presse de la Comédie-Française

Le drame se niche partout. Il se love dans les intérieurs confortables, dans les musiques trépidantes et les projections de films anodines. Il parvient à s’immiscer dans les interstices d’une famille dont tous les membres dépendent les uns des autres et dont le malheur provient de cette dépendance même. Reflet de notre naufrage, témoin involontaire et aimant de notre déconfiture, l’autre se tient là, indispensable et insupportable. L’éternelle présence de ce regard tant désiré quoique haï, Julie Deliquet choisit de la matérialiser en divisant son public : deux vagues d’yeux curieux se font face, la scène émergeant au creux de ce duo-duel. (suite…)

Trois Hommes dans un Salon

© Comédie-Française

« Ça ne sert à rien de mourir » : le théâtre contre la mort

Brel, Ferré, Brassens. Trois noms qui résonnent dans l’imaginaire de la chanson française, trois voix plutôt, qui revivent sur nos radios au détour de rares diffusions. Pour certains s’y attachent les émotions enfantines et les souvenirs de voyages interminables en voiture, pour d’autres, c’est l’image de la formidable interview menée par François-René Cristiani qui émerge. Celle-ci fut enregistrée en 1969 et elle est encore accessible à tous. Pourquoi, dès lors que ces voix seront ainsi pour toujours fixées par la bande enregistreuse, ce besoin d’incarner à nouveau « l’inflexion des voix chères qui se sont tues » ? Comment faire de l’archive, sceau de notre mémoire, une œuvre de l’éphémère ? (suite…)

Fanny et Alexandre

© Christophe Raynaud de Lage, photo de presse de la Comédie-Française

L’adaptation au théâtre de l’œuvre d’Ingmar Bergman, réalisée par Julie Deliquet, transmet une émotion toute particulière aux amoureux de l’art dramatique. Représenter ce qu’est la grande famille du théâtre en en découvrant les joies et les blessures, et ce au sein de la maison de Molière, possède une signification très forte. Ce symbolisme aurait pu aisément étouffer la pièce et la réduire au brillant hommage d’un art. Or, Julie Deliquet échappe à cet écueil, tout d’abord par la dureté des réalités dépeintes, mais aussi grâce à l’ingéniosité dont sa mise en scène fait preuve. Divisée en deux volets antagonistes dont l’opposition aurait pu rompre la cohérence de la pièce, un lien demeure, indéfectible : l’imagination et la capacité à croire. (suite…)

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